Dans la haute vallée Tanaro, à la frontière de deux régions, Ligurie et Piémont, et de deux états, France et Italie, une communauté de langue occitane a vécu pendant des siècles à cheval entre la vallée Tanaro, la vallée Roya et la vallée Argentina. Le mont Saccarello est le sommet autour duquel s'étendent les alpages historiques des bergers brigasques. La frontière d'état de 1947 divisa la commune de La Brigue (Briga Marittima) et divisa aussi les territoires de pâturage. En Italie, la commune de Briga Alta, autrefois hameau de La Brigue (Briga Marittima) a été créée ainsi. Par la loi 482/1999, elle est reconnue - avec Viozene, un hameau d'Ormea - comme appartenant à la minorité linguistique occitane, même si pour certains linguistes, le brigasque est un dialecte ligure.
Le parcours de visite
Il faut suivre la SS28 tout au long de la vallée Tanaro, pour ensuite la laisser à Ponte di Nava et poursuivre sur la SP154, dans la vallée du torrent Tanarello, puis du torrent Negrone. Bien exposé sur la rive gauche orographique de la vallée, Viozene est un hameau de la commune d'Ormea, au pied du mont Mongioie (2630 m). Le village a une vocation touristique, avec un hôtel et quelques maisons secondaires. C'est le point de départ du sentier pour le refuge Mongioie, avec diverses possibilités de randonnée et de spéléologie sur le territoire du Parc de la Haute vallée Pesio et Tanaro.
La route départementale continue jusqu'au défilé de la vallée et avant les gorges delle Fascette, on tourne à droite pour Carnino, un hameau de Briga Alta comprenant deux parties, Carnino Inferiore et Superiore, ainsi que plusieurs groupes de maisons éparses. Ce hameau est en partie abandonné, mais beaucoup de bâtiments sont en cours de rénovation. Les deux localités conservent de remarquables exemples d'architecture de montagne, avec des balcons en bois et des toits couverts de pierre de lauze ou de paille de seigle, aujourd'hui remplacée par de la tôle. Le cadre naturel est très beau, avec de grandes hêtraies ; Carnino est le point de départ des circuits sur les sentiers du parc.
De retour dans le fond de vallée, la SP154 nous mène aux gorges delle Fascette, où ça vaut la peine de s'arrêter : le torrent Negrone est interrompu par une doline à entonnoir et disparaît sous terre. En général, ces gorges de 300 m de profondeur sont complètement sèches. Les eaux du torrent, avec celles drainées par un vaste système souterrain, retrouvent la lumière à la source Garb d'la Fus, 500 m plus bas.
À la sortie des gorges, la route départementale rejoint la cuvette où, sur la rive gauche orographique, se trouve Upega. C'est un autre hameau de la commune de Briga Alta, avec de belles maisons de pierre et des toits de tôle qui remplacent les couvertures d'origine, de pierre de lauze ou de paille de seigle. La départementale continue, atteint la charmante chapelle de la Madonna della Neve (XIII°), puis entre dans le bois delle Navette, un mélezin grandiose inscrit dans le livre national des bois de semence. En territoire ligurien, on monte le col de la Colletta, d'où l'on descend en traversant les hameaux Le Salse et Valcona Sottana. On entre de nouveau dans le territoire piémontais un peu avant Piaggia, chef-lieu de la commune de Briga Alta. Ce village est entouré de champs en terrasse vertigineux montant jusqu'à la ligne de crête mais aujourd'hui presque entièrement abandonnés. En face, apparaît le mont Saccarello (2200 m), avec son sommet aride et ses flancs couverts de vastes mélézins.
La lavande, parfum d'Occitanie
Des Alpes Liguriennes jusqu'au val de Susa, la lavande pousse spontanément sur les versants arides et pierreux, avec une nette préférence pour les terrains calcaires. Elle est bien répandue dans la vallée Tanaro, sur les flancs du Mongioie et ceux du Marguareis : au col de Nava, appartenant déjà à la province d'Imperia, plusieurs parfumeries proposent bon nombre d'huiles essentielles et de cosmétiques à la lavande. Dans un passé assez récent, dans les vallées de Cuneo, la récolte était une activité lucrative et réglementée par chaque commune dont dépendaient les terrains de montagne. Les femmes, en particulier, s'occupaient de ce travail et le conciliaient avec le pâturage quotidien. À l'époque, les pâturages n'étaient pas encore envahis par les broussailles donc ils étaient bien plus riches en lavande. En outre, la taille estivale des épis parfumés revigorait la plante : nous pouvons à juste titre imaginer une montagne beaucoup plus fleurie et parfumée qu'aujourd'hui.
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