Introduction
Bonsoir,
Je vous remercie pour votre invitation, nous sommes vraiment honorés de pouvoir contribuer à cette collecte de fonds destinée à la restauration de la chapelle du Mont Thabor, très chère aux habitants de Bardonecchia.
Le chœur de Saint Hippolyte est la chorale de la paroisse qui anime solennellement les fêtes liturgiques principales de la paroisse. Il porte le nom du saint martyrisé donné à notre paroisse et qui comme à Névache est fêté le 13 aout. Notre chorale vient à peine de fêter ses 70 ans.
Elle a été créée en 1948 selon la volonté du prêtre Monseigneur Francesco Bellando qui désirait rapporter à la normalité la vie de la paroisse après le drame de la seconde guerre mondiale. Habitué aux fastes et aux célébrités organisés par le pape à Rome, suite à son séjour à Rome pour ses études théologiques, Mgr Bellando croyait fermement que sa liturgie était liée à un soin exemplaire de sa beauté et de sa sacralité, et ainsi, un moyen pour soulever un instant le voile sur le mystère de Dieu, en remplissant les âmes des fidèles.
C’est pour cette raison que dès le début Mgr Bellando s’investit pour que le chœur liturgique crée un répertoire polyphonique riche et de qualité mais cela fut possible grâce à la préparation du directeur de l’époque Don Serafino Chiapusso et à l’organiste le Prof. Nucci Mariani.
Pendant 70 ans, malgré les difficultés traversées à certains moments, notre chœur a toujours tenté de rester fidèle aux propos laissés par Mgr Bellando et il s’applique aujourd’hui, à travers la préparation et les sacrifices de chacun, à continuer son service liturgique paroissial.
Depuis 17 ans, notre chœur est guidé par le Maestro Fabrizio Blandino et accompagné depuis 26 ans par l’organiste Stefania Balsamo.
PREMIERE PARTIE
-
SACRUM CONVIVIUM
Commençons notre promenade musicale avec un morceau du compositeur auquel est particulièrement attachée notre chorale : Lorenzo Perosi.
“Il y a plus de musique dans la tête de Perosi que dans la mienne et dans celle de Mascagni mis ensemble » ainsi disait avec admiration le grand Giacomo Puccini, son contemporain.
Lorenzo Perosi est né à Tortona dans le Piémont en 1872 et meurt à Rome en 1956. Il venait d’une famille de musiciens. Son père le maestro de la chapelle du Dôme de Tortona, s’occupa de l’éducation musicale de ses six enfants et leur communiqua une profonde passion pour la musique.
Après des études sur l’orgue, il composa et dirigea un chœur en Italie et en Allemagne puis se fit ordonner prêtre en 1898. Don Lorenzo débuta une fructueuse carrière musicale et fut nommé Directeur perpétuel de la Chapelle musicale Sixtine à Rome, par le Pape Leone XIII, rôle qu’il conserva bien entendu jusqu’à sa mort. Grâce au génie de Perosi, on doit l’introduction des voix blanches dans le chœur de la chapelle papale.
Son gout et son style de composition devinrent célèbres et furent appréciés par les musiciens et par le peuple. Sa notoriété était si grande que les critiques définirent la période de son œuvre « moment Perosiano ».
"O sacrum Convivium" est le texte d’une antienne, (chant liturgique) du Magnificat de la liturgie des Vêpres, à l’occasion de la célébration du Corpus Domini. L’hymne est attribué à Saint Thomas d’Aquin et mis en musique par Perosi sous la forme de refrain à 4 voix :
"O sacro banchetto in cui ci nutriamo di Cristo.
Si fa memoria della sua passione,
l'anima è ricolma di grazia
e ci è donato il pegno della sua gloria. Alleluia"
-
KYRIE et GLORIA de Lorenzo Perosi
Nous allons maintenant exécuter deux morceaux consécutifs extraits de la Messe "Te Deum laudamus", composée en 1897 par Monseigneur Lorenzo Perosi, pour deux voix.
Nous vous proposons une version pour un chœur mixte hommes et femmes.
Cette Messe, au thème simple et solennel est un hommage à la gloire du seigneur ; c’est une des œuvres les plus représentatives de notre chœur. Elle fait partie de notre répertoire depuis le début en 1948.
Son écriture varie, mélangeant des moments mélodieux avec chœur à quatre pupitre ou polyphonique, des morceaux en solo, et conclue en un final au Gloria.
Sa durée non excessive et sa composition solennelle rendent cette partition facilement utilisable pour une exécution pendant les cérémonies les plus importantes de notre paroisse de Bardonecchia.
3) Mystère de la cène
Nous vous proposons maintenant un chœur de style eucharistique à 4 voix, harmonisé par Gino Stefani, musicien et musicologue décédé le 7 avril dernier, à l’âge de 89 ans.
Le maestro Stefani a eu un rôle prépondérant durant la réforme liturgique musicale après le Conseil du Vatican II, et a été l’auteur et l’arrangeur de nombreux chants liturgiques très connus et utilisés en Italie de 1966 à aujourd’hui.
Dans la collection des chants liturgiques italiens "Nella casa del Padre" il y a une vingtaine de morceaux composés par Gino Stefani. Le style de Stefani s’inspire au monde classique mais aussi contemporain ainsi qu’au jazz, le tout soutenu par une formation didactique solide. Les textes de ses chants font référence aux citations de la Bible et à un parcours spirituel personnel d’expérience.
Il s’unit au travail de Joseph Gelinau, en traduisant son œuvre "Canto e musica nel culto Cristiano", et en la diffusant dans toute l’Italie.
La mélodie de cette chorale est due au compositeur anglais Robert Luca De Pearsal (1795 - 1856), musicien de style romantique.
Pearsall fut un compositeur amateur de Madrigale, les textes furent publiés à titre posthume par sa nièce Philippa.
"Mistero della cena".
4) Un nouveau morceau de Lorenzo Perosi : L’AVE MARIA.
Composée à deux voix sur le texte de la prière à la vierge Marie en latin, dédiée à l’ami Giovanni Ghezzi.
C’est un morceau assez simple dans sa structure et dans sa construction.
Ces deux voix se fusionnent et créent une atmosphère d’intime spiritualité : calme et détente sont brièvement entrecoupés par le "pro nobis" que l’on reprend au final pour conclure.
5) HAEC DIES de Paolo Bougeat
Le texte de cet hymne est extrait du Salmo 117.
Il s’agit du refrain qui est chanté le jour de Pâques et qui est répété durant les 8 jours suivants. On proclame la gloire et la reconnaissance pour la Résurrection du Christ :
"Questo è il giorno che ha fatto il Signore :
rallegriamoci ed esultiamo.
Rendete Grazie al Signore perché è buono,
perché il suo amore è per sempre".
Le refrain est un morceau à trois voix qui est particulièrement joyeux et festif.
La partie centrale est contrastante, elle ressemble plus à une ile de douceur, une méditation pour la reconnaissance de la miséricorde infinie du Seigneur pour chacun de nous.
L’auteur, Paolo Bougeat, est né à Aoste en 1963. C’est un organiste concertiste, professeur et fin compositeur de niveau International. Il est très actif dans ses études musicologiques sur l’orgue et dans la diffusion de nouvelles théories sur la construction d’orgues modernes.
6) ACCETTA QUESTO PANE – ACCEPTE CE PAIN…
Il s’agit d’un chant offertoire habituellement exécuté par notre chorale durant les célébrations liturgiques. C’est un joli chœur à 4 voix, composé de deux strophes qui accompagne l’offertoire du pain et du vin.
L’harmonisation a été attribuée à tort à Jean Sebastien Bach.
Le morceau est extrait de "Münchener Gesangbuch" (le “libro dei canti della città di Monaco”) de 1586, dont l’auteur est inconnu.
7) REGINA COELI de Antonio Lotti
C’est ce que l’on appelle un motet sacré à 4 voix, dont le texte est semblable à l’oraison pascale de Regina Coeli, que l’on récite durant la période de Paques à Pentecôte à la place de la prière de l'Angélus.
Comme le disait le Pape Benoit XVI sur la place de saint Pierre à Rome le 24 Mars 2008 :
" la prière Regina Coeli est comme une nouvelle annonciation à Marie, pas par l’ange mais par les chrétiens qui invitent la Mère de Dieu à se réjouir parce que le fils qu’elle a porté est ressuscité, comme elle l’avait promis”.
Cette prière importante a été mise en musique par le vénitien Antonio Lotti, une des personnalités musicales plus importantes du panorama baroque italien. Il a produit une vaste production musicale de différents types.
Ses compositions sacrées en particulier représentent une forte expression spirituelle.
************INTERVALLE***********
DEUXIEME PARTIE
8) CUNCTIPÒTENS GENITOR DEUS
Discantus (musique médiévale sacrée) de Milano du XI siècle
Ce morceau a été construit en utilisant les trois “Tropi”, c’est-à-dire les 3 versets du Kyrie de la Messe IV chantée à l’occasion de la Fête des Apôtres, dans le répertoire grégorien.
Le discantus est un premier exemple de recherche polyphonique. Sur une mélodie grégorienne fixe, on commence avec une mélodie plus aigue improvisée, qui devrait avoir une allure de Moto Contrario. C’est une mélodie simple et sans fioriture.
Le morceau original, dans sa forme vocale, se trouve dans le traité “Ad organum faciendum”, d’auteur inconnu, conservé dans la bibliothèque Ambrosiana de Milan.
La version que nous vous présentons ce soir, est un arrangement de Arturo Zardini, enrichi par l’accompagnement avec l’orgue et combiné avec un refrain et deux strophes. Dans le refrain, comme vous pourrez le remarquer, les voix sont en contrappunto c’est-à-dire en contrepoint rigoureux, note contre note de façon très solennelle. Les strophes sont par contre en pur style grégorien.
Voici le texte :
“Onnipotente Genitore,
Dio creatore di tutte le cose,
Abbi pietà di noi.
Cristo, luce di Dio,
Virtù e sapienza del Padre,
abbi pietà di noi.
Afflato sacro di entrambi,
nesso e amore,
abbi pietà di noi”
9) TOTUS TUUS
Ce morceau très émouvant à 4 voix est extrait de la Messe "Cristo nostra salvezza" composée en 1997 par Monseigneur Marco Frisina. C’est un compositeur et directeur de chorale italien. Il a fondé en 1984 le chœur du diocèse de Rome, avec 250 personnes, qui anime les plus importantes liturgies romanes et qui est souvent présidé par le Pape en personne.
Il a composé de nombreuses Messes, Oratorios et chants liturgiques connus et représentés au niveau international, mais aussi des bandes sonores pour le cinéma et la télévision, pour des films à caractère religieux et historique.
Le morceau "Totus tuus" a été composé en honneur de Jean Paul II qui avait comme devise apostolique les premiers mots de cette très belle prière d’obédience à la Madone, écrite par Saint Louis Marie Grignion de Montfort vers 1712.
" Io sono tutto tuo o Maria,
Madre del nostro Redentore.
Vergine di Dio,
Vergine Pia,
Madre del Redentore del mondo.
Amen"
10) SIGNORE DELLE CIME
Ce morceau bouleversant a été composé par Bepi De Marzi pour son chœur. A l’époque il avait à peine 23 ans en 1958, c’est un moderne "epicedio" c’est-à-dire un chant funèbre en commémoration de son ami Bepi Bertagnoli, mort de façon tragique durant une excursion en montagne en 1951. Par sa beauté et sa simplicité, son impact émotif est devenu rapidement un succès mondial, traduit en plusieurs langues.
Cette composition à 4 voix mixtes ouvre avec sa musique les ailes du texte, riche en sentiment et dévotion chrétienne pour la Sainte Vierge, la Reine des Neiges.
"Dio del cielo, Signore delle Cime
un nostro amico hai chiesto alla montagna
ma ti preghiamo:
su nel Paradiso,
lascialo andare per le tue montagne.
Santa Maria, Signora della Neve
copri col bianco soffice mantello
il nostro amico, nostro fratello.
Su nel Paradiso,
lascialo andare per le tue montagne."
Dieu du ciel, Seigneur des cîmes,
Tu as appelé un de nos amis.
Mais nous te prions :
Là-haut, au Paradis,
Laisse-le cheminer
A travers tes montagnes.
Sainte Marie, Notre-Dame des neiges,
Recouvre de ton manteau moelleux et blanc
Notre ami, notre frère.
Là-haut, au Paradis,
Laisse-le cheminer
A travers tes montagnes
11) QUASI ARCUS
Voici un nouveau motet à 2 voix, écrit par Carlo Nebbia en l’honneur de la Sainte Vierge ou bien selon les nécessités liturgiques pour la fête d’un saint.
Carlo Nebbia, Maestro de musique de séminaire à Asti, est né à Cerreto d'Asti en 1882 et a vécu à Albugnano, sur les collines du Haut Montferrat dans le Piémont où il demeure depuis 1940.
Il était doué d’une intelligence exceptionnelle, il a été physicien de haut niveau et un musicien très raffiné malgré qu’il soit autodidacte dans ces disciplines.
Voici "Quasi Arcus"
12) AVE MARI
Ce célèbre Ave Maria est attribué d’ordinaire au compositeur flamand de la Renaissance, Jacob Arcadelt.
En réalité il s’agit d’un arrangement d’un compositeur français peu connu, Pierre-Louis Diescht (1808-1865).
Diescht s’inspira d’un chant à 3 voix de Arcadelt "Nous voyons que les hommes " de 1554, il arrangea la poésie pour l’adapter au texte de l’Ave Maria et il ajouta la voix basse et l'Amen final.
Diescht présenta ensuite l'Ave Maria comme sa trouvaille, en conférant la paternité à Arcadelt : mais cette œuvre à 4 voix est inexistante dans l’opéra Omnia du compositeur flamand. Ensuite, au fil des ans, après plusieurs catalogages du morceau, le nom Dietsch a été oublié, et il a été attribué tout simplement à Arcadelt.
Cet Ave Maria est devenu si populaire dans le répertoire polyphonique sacré qu’il a été ensuite représenté dans la basilique Saint Pierre à Rome, où il a même été écouté par hasard par Franz Liszt, qui en a été si impressionné qu’il en a réalisé une version pour piano.
" Lo strano caso dell'Ave Maria non composta da Arcadelt " Par le musicologue Carlo Pannicià www.emmetv.it)
13) AVE VERUM CORPUS K. 618 de Wolfgang Amadeus Mozart
Le prochain morceau est tout simplement une merveille.
Le texte eucharistique remonte à une poésie du XIV siècle où la présence du corps de Jésus Christ est exaltée dans le sacrement de l’Eucharistie.
En voici le texte :
"Salve o vero Corpo
nato da Maria Vergine,
che veramente patì e fu immolato
sulla croce per l'uomo.
Dal cui fianco squarciato
sgorgarono acqua e sangue:
fà che noi possiamo gustarti
nella prova suprema della morte. Amen"
Mozart mis en musique cet hymne sous forme de motet à 4 voix mixtes, en style polyphonique italien, simple, précis et attentif au sens profond de ces mots.
L'œuvre dédiée à l’ami Anton Scholl, maestro de la chapelle de l’église paroissiale de Baden près de Viennes, elle a été composée peu avant sa mort prématurée en 1791. Il l’a écrite à l’occasion de la solennité du Corpus Domini, et aujourd’hui elle est considérée comme un des moments les plus importants du génie de Mozart.
14) LIBERA ME DOMINE
Pour conclure notre concert, un des chants les plus solennels du répertoire de notre chœur ; un morceau composé par Monsignor Lorenzo Perosi tiré du final de la Messa da Requiem.
En 1894 Monseigneur Perosi a pris la direction de la Chapelle musicale de San Marco à Venise. Parmi ses élèves préférés et des plus doués dans le chant, il y avait le jeune Ferruccio Mengazzi qui disparut de mort soudaine en 1897. Profondément touché par cette disparition, Monseigneur Perosi composa la même année la Messa da Requiem, à la mémoire de cet élève particulièrement doué.
Dans le texte original, cette Messe est composée de 3 voix masculines avec un accompagnement à l’orgue ou à l’harmonium.
Le Libera me Domine est ce soir proposé par un chœur mixte hommes et femmes. Ce morceau est habituellement chanté par notre chorale à l’occasion de la commémoration pour la Toussaint, la veille du 2 novembre et pour des obsèques solennelles. Ce morceau, d’effet important, se caractérise par un contraste de couleurs et volumes, grâce à la distribution des masses sonores et du dialogue entre solistes et chœur, typique du style Perosi.
Comme un anneau de connexion entre le nouveau et l’antique, il se termine par un Kyrie de style grégorien, solennel et spirituel ; un pont vers le mystère de Dieu.
Eventuel BIS
JUBILATE DEO
De la Messa "Cristo nostra salvezza" de 1997 de Marco Frisina
commenta